mercredi 31 décembre 2008

Pour quoi travaillons nous ?

Un ami me disait récemment : « Il n'y a aucune honte à être au chômage, parce qu'on est disponible pour enfin réaliser des projets importants. C'est grâce au chômage que nombre de mes amis ont pu faire les meilleures choses. Ils avaient du temps et l'esprit libre. »

Je suis au chômage actuellement.
Je suis loin d'être le seul de mon entourage à être ainsi sans emploi, et je constate effectivement la valeur de ce temps qui nous est donné et à quel point il peut nous être utile, à tous (à condition de bien s'en servir, bien sûr.)
Je ne suis pas en train de dire que tout le monde doit cesser de travailler ! Le travail est un des piliers de la société humaine. Et je ne compte pas rester longtemps sans emploi.

Mais regardons un peu la situation actuelle :
Le monde est secoué depuis des mois (et pour combien de temps encore...) par une énorme crise financière et économique. Le pouvoir de l'argent est en question, des banques et des entreprises s'effondrent, des dettes colossales se creusent, des emplois disparaissent en masse, et en même temps, des centaines de milliards sont sortis pour panser les hémorragies bancaires. Il n'y a pas un jour sans une nouvelle secousse du système économique.
C'est simple : le système doit être fondamentalement repensé, car il n'est plus viable.

Et alors que cette crise gonfle démesurément, combien d'entre nous sont encore la tête dans le guidon du travail ? Combien s'appliquent à concrétiser l'adage de notre président : « Travailler plus pour gagner plus » ?
L'augmentation du pouvoir d'achat ne peut pas être un projet de société. Et pourtant, c'est tout ce que la politique en place nous propose (à droite comme à gauche). L'obsession de la croissance, encore et encore. Alors qu'est-ce qu'on fait ? On obéit ? On se résigne ?
Dans un monde en crise, continuer toutes les activités comme avant, comme si de rien n'était, c'est comme rester dans une maison en train de brûler.

Pour revenir sur le chômage, je veux simplement dire que le discours qui consiste à voir les sans-emploi comme des poids pour la société, est complètement « à côté de la plaque » des problèmes actuels.
Je pense que la société a profondément besoin de respirations et ne doit pas craindre que les citoyens puissent passer par des périodes apparemment « vides », mais en fait très saines, pour donner un minimum de recul vis-à-vis de la marche générale. Et je le répète, ces temps libres permettent souvent de faire ce que l'on a jamais eu le temps de faire. Et ça, c'est d'intérêt public.
Vouloir favoriser le travail le dimanche va dans le sens d'une omniprésence du travail, d'une perte de respiration sociale, et ça ne risque pas de faire retomber le stress ambiant, déjà augmenté par la crise.
Avoir du temps, c'est pouvoir se consacrer à des projets personnels, mais cela permet aussi à des associations ou des œuvres bénévoles d'exister. Et dans quel état serait la France sans ses associations et toutes ses actions à but non lucratif ? Est-ce qu'une augmentation du pouvoir d'achat peut remplacer tout cela ?

Alors, avec la crise économique qui vient de s'ajouter à la crise écologique, l'année 2009 ne peut pas commencer comme les autres.
Je crois que la crise est une invitation à réinventer le travail et notre rapport à l'argent. Que l'argent cesse d'avoir tant d'importance dans nos vies et que l'on travaille enfin en coopération pour les valeurs premières que sont le bien commun, la santé et l'environnement.

Je souhaite qu'en 2009 nous posions les premières pierres d'un vrai projet de société. Quelque chose comme :
Travailler mieux pour vivre plus.


Quelques liens utiles sur l'économie sociale et solidaire :
-les entreprises coopératives
-les Systèmes d'Echange Locaux (SEL)
-la monnaie SOL, système d'échanges complémentaires
-les logiciels libres
-les AMAP

9 commentaires:

Anonyme a dit…

La solution ne peut être qu'un changement total. Les techniques mécaniques et électroniques le rendent possible en mettant des moyens formidables au service de la production. A condition qu'entre la production et la consommation ne se place pas le garrot du prix de revient. Il faut pouvoir acheter un produit moins cher qu'il ne coûte, avec une monnaie n'ayant pas de valeur propre. Cela paraît absurde. Ce l'est beaucoup moins que le système actuel.
Le capitalisme agonise. Le marxisme est devenu une religion de fanatiques. C'est une troisième voie qu'il faut trouver. Un économiste français, mort il y a quelques années, Jacques Duboin, préconisait une « économie distributive ». C'est sans doute dans cette direction qu'il faut aller.

Alban a dit…

00:31; bien que deuxième à répondre, je serais le premier à répondre de l'année 2009 :p

Je rejoins cette opinion. Il y a le travail choisi et le travail imposé. Il y a aussi le travail rémunéré et le travail volontaire. Le travail pour soi et le travail pour le bien de tous.

Dirigeons nous vers une société qui donne la possibilité de faire un travail pour le bien de tous, choisi et pourtant rémunéré.

Alban.

Anonyme a dit…

Et oui je suis bien d'accord Ludo. Merci d'apporter, en communiquant tes idées, ta brique de rêve à un édifice qui serait le remplacement de notre maison qui brûle.
Maintenant j'espère qu'assez de personnes adhèrent à cette utopie pour qu'elle perce à temps.
Tachou

Anonyme a dit…

Merci pour ton regard tellement juste et plein de sincérité!
Continue dans l'écriture, tu as l'art de mettre en mots ce que beaucoup ressentent... En tout cas, dans ma phase de prise de recul "sans activité" (tout au moins aux yeux de ceux qui ne voient que mon absence de salaire et donc de service rendu à la société...), j'avais besoin de ces mots. L'année démarre bien, MERCI!
Je souhaite à tes rêves de continuer à prendre une forme qui te semble juste, mais j'ai confiance!

Anonyme a dit…

extrait de wikipedia
« Quand vous ne cessez de répéter que le « marxisme » est en grand discrédit en France, vous n'avez en somme vous‑même d'autre source que celle‑là ‑ du Malon de seconde main. Ce que l'on appelle « marxisme » en France est certes un article tout spécial, au point que Marx a dit à Lafargue : « Ce qu'il y a de certain, c'est que moi je ne suis pas marxiste ». Mais si Le Citoyen a tiré l'été dernier à 25 000 exemplaires et acquis une position telle que Lissagaray a mis en jeu sa réputation pour la conquérir, cela semble tout de même contredire quelque peu ce prétendu discrédit. » Lettre à E. Bernstein, 2 novembre 1882 [archive]

Culture économico-politique transmise par un nouveau média aux nouvelles générations :
http://www.neuvieme-art.com/actu/Bio-et-adaptations-Manga-karl-Marx-430

bonne année à ludo38, tachou, xelophon, alban, élise !

Restons "simples" et non simplets.

Babou

P.S. : vers un site communautaire ? : ludo38 en spip ?

Ludo a dit…

Mais qui sont ces Xelophon et Babou ?
Des amis cachés derrière des pseudos ?

En tout cas, merci à tous pour les commentaires !

Ludo

Ervalina a dit…

Merci Ludo, Elise a tout à fait trouvé les mots!
Oui "travailler mieux pour vivre plus" et "vivre mieux avec moins", appliquer le principe de la "sobriété heureuse" (selon les termes de Pierre Rabhi)et aller contre cette société de surconsommation qui ne fait qu'alimenter le grand feu de notre maison qui brûle, générant un monde de gaspillage, d'inégalités sociales et de désordres de tous ordres!
Maintenant ce qui serait chouette,ce serait d'être plusieurs à partager un projet commun pour donner vie à toutes ces belles idées et amorcer le changement auquel nous aspirons tous.
Je sais que la plupart d'entre nous sommes déjà en marche, arriverons-nous à temps?

Anonyme a dit…

Wooo c'est étrange de voir quelqu'un qui écrit ce qu'on pense.
Je trouve que lorsqu'on est au chômage ça nous permet de prendre du recul pour réfléchir. quand on travail, on a pas le temps de penser, on agit comme des machines la journée, et le soir on est trop fatigué pour penser (enfin moi). Alors que quand je suis au chômage, c'est comme si j'arrivais à sortir du cercle infernal, pour me poser les "vraies questions" comme le but de notre vie (j'ai toujours pas trouvé), l'utilité du travail (mis à part pour manger, quoique je préfererais qu'on me donne un bout de terre, une île, pour vivre en autarcie et auto production, sans argent et société de consommation, ça ce serait génial (je rêve oui)...je n'en vois pas d'autres), ou de faire ce qu'on fait. Je suis un peu confuse, j'ai du mal à exprimer tout ce que je veux dire, mais bon en gros, c'est ça.

Anonyme a dit…

Rmiste depuis une petit moment, c'est un plaisir de voir un peu renversé ces situations considérées comme précaires mais qui sont, oui, des moments qui nous laissent le temps de nous épanouir. Dans ce que nous sommes, nos passions, nos envies, etc, et non pas dans une -je lâche le mot- aliénation quotidienne/hebdomadaire/mensuelle/etc. Justement le temps change. Devient moins cyclique, on se l'approprie.
Me vient la phrase de L'An 01, le livre de Gébé : "On arrête tout / On réfléchit / Et c'est pas triste." C'est forcément positif.
Après, le Rmi n'a rien du grand luxe non plus -suivi par de multiples organismes dans le cadre de "contrats d'insertion" (il y a beaucoup à dire là dessus, entre autres sur la manière dont ces suivis tendent à ce que nous ne prenions pas notre temps à pleine main et que nous restions dans une certaine "négativité")- mais tout cela invite à aspirer à vivre plus pleinement et, grand luxe, peut être trouver des voies pour un temps libre épanoui qui s'extrairait des ces dernières dépendances...